(photo : Igor Rodriguez / Unsplash)
Ne nous laisse pas entrer en tentation
Sylvain Campeau | 26 novembre 2018
À la demande de la Conférence des évêques catholiques du Canada, la nouvelle traduction du Notre Père entrera en vigueur dans la liturgie francophone du pays le dimanche 2 décembre prochain.
La seule différence par rapport à la traduction en usage depuis 1966 se trouve à la fin de la prière du Seigneur. La formule « Ne nous soumets pas à la tentation » sera remplacée par « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». On tente ici de traduire le texte grec de Matthieu 6,13 et Luc 11,4 qui utilise une manière sémitique de s’exprimer. Si la traduction actuelle n’est pas fautive au niveau linguistique, elle donne toutefois l’impression que Dieu pourrait nous mettre à l’épreuve et nous tenter de faire le mal. Mais tel n’est pas le sens de cette sixième demande de la prière et la lettre de Jacques écarte clairement cette interprétation :
Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : « Ma tentation vient de Dieu ». Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. (Jacques 1,13)
La nouvelle traduction cherche donc à respecter le sens du texte original sans induire une fausse compréhension chez les fidèles. La solution retenue vient d’un autre texte où il est question de prière et de tentation. La veille de sa passion, Jésus s’adresse à ses disciples, au jardin de Gethsémani, en leur disant : « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation. » (Matthieu 26,41) La nouvelle traduction s’inspire donc des paroles mêmes du Seigneur et la sixième demande apparaîtra plus acceptable pour les catholiques francophones qui réclamaient un changement depuis plusieurs années.
Diplômé en études bibliques (Université de Montréal, 1996), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.