Notes géographiques et historiques
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Samarie, capitale oubliée
SEBQ © 1999
La Samarie est une région que les évangiles nous ont rendu familière: nous n'avons qu'à penser à la parabole du bon Samaritain (Lc 10,25-37) ou à l'entretien de Jésus avec la Samaritaine (Jn 4). Mais avant de désigner une région, Samarie a d'abord été une ville, l'une des rares érigées par les Israélites eux-mêmes. C'est à l'époque de la monarchie, après le schisme entre le Nord et le Sud (vers 935 av. J.-C.) qu'elle devient, avec Omri, la capitale du royaume du Nord. Pendant une cinquantaine d'année, elle fut précédée par Tirça (l'actuelle Tell el Farah), première capitale du royaume. Les raisons du transfert du pouvoir à Samarie sont confuses. On peut toutefois les deviner. L'une des raisons est certainement liée à la politique interne du royaume: Omri arrive sur le trône à une époque d'incertitude politique où la cohésion entre les tribus devait être affermie. En choisissant un site cananéen qui n'était sur le sol d'aucune des tribus d'Israël, Omri s'est donné les meilleurs chances de consolider son pouvoir. Située au centre d'une région fertile, la « montagne de Samarie » présentait aussi plusieurs avantages. Tournée vers la mer et située à proximité de la route commerciale qui longeait la côte, Samarie a profité de sa position économique privilégiée. Sur le plan stratégique, la ville offrait des avantages défensifs facile à imaginer. Samarie a d'ailleurs résisté au siège des Syriens (voir 2 R 6) et ce n'est qu'après un long siège de trois ans qu'elle tomba entre les mains de Sargon II (722-705), roi d'Assyrie (2 R 17,1-6 et 18,9-12; voir aussi Es 28,1-6). Cette conquête marque la fin de Samarie comme capitale d'un royaume souverain. Par la suite, l'élite de la population sera déportée et remplacée par des colons étrangers (voir 2 R 17,24). Samarie deviendra un centre administratif assyrien, puis babylonien et perse. Alexandre le Grand transformera Samarie en ville hellénistique. Finalement, la ville sera rebaptisée Sébaste à l'époque romaine. Samarie et le culte de Baal
Bien que les archéologues n'en ait découvert aucun vestige, Samarie devait avoir son temple en l'honneur de Baal, une divinité syro-phénicienne dont le culte était répandu dans tout le Proche-Orient ancien. La construction d'un sanctuaire dédié à Baal s'explique par la présence de la femme d'Achab, Jézabel, qui continua à rendre un culte à ses dieux, en particulier au Baal de Tyr. Si le culte de Baal est si sévèrement condamné par les milieux yahvistes, c'est parce que le roi Achab a lui-même participé à ce culte païen (voir 1 R 16,31). La Bible accuse Jézabel, qui était fille d'un prêtre de Baal, d'avoir influencé le roi et ses successeurs (voir 2 R 21). Son influence pourrait même avoir franchi les limites de la cour royale. S'il est difficile de préciser le rôle de la reine dans l'expansion des rites phéniciens en Israël, le culte de Baal semble avoir été soutenu par un clergé important: le premier livre des Rois dénombre 450 prophètes de Baal qui affrontent Élie au Carmel (voir 1 R 18,20-40). Les maisons d'ivoire
Les fouilles archéologiques menées à Samarie depuis le début du siècle ont permis de localiser le palais royal, un ensemble fortifié de 250 par 160 m, composé de lieux d'habitation, d'entrepôts et de services divers. SEBQ © 2000 Le palais d'Omri, agrandi par Achab et Jéroboam II, a été construit selon le modèle phénicien. L'architecture emprunte beaucoup aux techniques phéniciennes: la taille, la disposition des pierres et l'usage de chapiteaux proto-éoliens en sont des indices. La découverte de plaquettes en ivoire sculpté dans les vestiges du palais royal fit sensation lors des premières fouilles archéologiques menées, de 1908 à 1910, par la Harvard University. Cette découverte venait éclairer l'expression « maison d'ivoire » que l'on rencontre au sujet des constructions du roi Achab (1 R 22,39) et dans les reproches formulés par Amos contre la classe dirigeante du royaume d'Israël. Entre les deux grandes guerres, une expédition conjointe (1931-1935) mit au jour d'autres fragments dispersés dans les quartiers royaux et de nombreux fragments dans un bâtiment que les fouilleurs ont appelé « maison aux ivoires ». Une telle quantité de fragments illustre bien le faste dont s'entourait la cour et rendent tangible les inégalités sociales dénoncées par les prophètes Amos et Osée. Le site aujourd'hui Les ruines de l'antique Samarie sont situées à proximité de Sebastiyeh, à 10 km au nord-ouest de Naplouse (Sichem dans la Bible). Le village de Sebastiyeh -- de Sébaste qui est la traduction grecque du titre Auguste -- n'a plus aujourd'hui qu'un rôle agricole et touristique. Mais quand on monte sur l'acropole, la beauté du paysage et la douceur du climat font comprendre au visiteur à quel point le site avait été bien choisi. Sylvain Campeau Pour en savoir plus:
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